Marie Barbey-Chappuis
Présidente du Groupement SIS
RAPPORT DE LA PRÉSIDENTE
Le 1er janvier 2022, le Groupement SIS a été créé à la suite de la refonte de la Loi sur la prévention des sinistres, l’organisation et l’intervention des sapeurs-pompiers (LPSSP F 4 05) voté par le Grand Conseil en octobre 2020. Près de 180 ans après la création du premier bataillon de sapeurs-pompiers, le service d’incendie et de secours quittait officiellement la Ville de Genève pour rejoindre le groupement intercommunal.
Cette étape historique, qui ponctuait cinq années de discussions et de travaux entre les différents partenaires, permettait de concrétiser la réforme de la gouvernance et du financement du SIS de manière à répondre aux enjeux de l’agglomération genevoise et de renforcer la protection de la population. Je tiens à remercier chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette réforme majeure pour Genève.
Ainsi, l’année 2022 est la première année complète d’activité du Groupement SIS (GSIS). Que de chemin parcouru depuis le 1er janvier !
Après d’intenses travaux préparatoires menés par le Comité et la direction du GSIS tout au long de l’année 2021, les premiers mois de 2022 ont été consacrés à recruter les multiples talents nécessaires à l’autonomisation du Groupement SIS, à doter celui-ci d’un cadre réglementaire et à déployer de nouveaux outils informatiques pour assurer la transition vers l’autonomie. Un travail titanesque qui a été mené en parallèle des activités et des missions quotidiennes du Groupement SIS. Je tiens ici à remercier le Commandant, le colonel Nicolas Schumacher, et toute la direction : la création avec succès du GSIS n’aurait pas été possible sans leur engagement sans faille.
Je me réjouis également de l’excellente collaboration et du soutien apporté par les services de la Ville de Genève afin de permettre le transfert de compétences nécessaires, dans les domaines administratifs, financiers et informatiques.
Cette nouvelle organisation se met en place dans un contexte de forte sollicitation du Groupement SIS qui a accompli 11’246 interventions dans des domaines très variés : alarme incendies, assistance aux personnes, transport ambulancier, interventions dans un contexte d’intempéries ou d’inondations. Les équipes de secours, sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers, ambulancières et ambulanciers, opératrices et opérateurs de la centrale d’alarme et d’engagement, ont démontré toute l’étendue de leurs compétences et de leur mobilisation 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
L’intervention des professionnel·le·s du secours est souvent spectaculaire : celles des pompiers volontaires est plus discrète, mais aussi d’une grande importance. Les deux compagnies de volontaires du Groupement SIS sont intervenues à de multiples reprises en 2022, en appui des équipes d’intervention professionnelles, et dans leurs domaines de compétences propres.
Ensemble, professionnel·le·s et volontaires constituent les maillons complémentaires et essentiels à la défense et à la protection contre les sinistres. Qu’elles et ils en soient sincèrement remercié·e·s.
Mot du commandant
Colonel Nicolas Schumacher
Commandant et Chef de corps
du Groupement SIS
Après deux années si particulières sous le signe de la pandémie de Covid 19, qui aura vu le Service d’incendie et de secours (SIS) opérer les multiples missions confiées par les Autorités cantonales et municipales, 2022 marque sans nul doute un tournant historique pour le SIS.
Le passage de la Ville de Genève au Groupement SIS, le 1er janvier 2022, aura mobilisé toutes nos énergies pour permettre l’autonomisation de l’administration, du domaine financier et informatique. Une véritable course contre la montre pour mettre en marche, recruter, mobiliser et réaliser les nombreuses tâches, dans le respect du cadre légal et réglementaire. Vaste programme !
Les unités administratives ont travaillé d’arrache-pieds pour que notre groupement puisse remplir ses obligations en la matière. Je tiens à les remercier pour leur travail exemplaire et leur engagement sans faille. S’il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à l’excellence dans ce domaine, je suis maintenant convaincu que nous y parviendrons. Merci à celles et ceux qui nous ont aidés et appuyés pour y parvenir, en particulier la Ville de Genève et l’Association des communes genevoises dans le cadre d’un groupe de travail présidé par M. David Hiler.
Cette année 2022 aura aussi été une année « post Covid » et une année caniculaire durant plusieurs mois. Cette conjonction aura généré un nombre conséquent d’interventions, en particulier entre mai et août. La vie estivale nocturne durant cette période dans notre canton aura mobilisé nos intervenants avec une charge opérationnelle soutenue. Plusieurs feux de végétation ont également mobilisé nos moyens, avec, en juillet, plus de 9 hectares de cultures agricoles en feu, à cheval entre la Suisse et la France, sur la rive droite. Dans ce domaine particulier, il n’y a pas de frontière. En juillet et en août, deux renforts dans le cadre des incendies de forêts et de végétation, en Gironde et dans le Jura français nous ont aussi offert un enseignement riche valant toutes les formations théoriques. Le GSIS travaille actuellement avec ses voisins suisses et français à l’élaboration d’un concept réaliste dans ce nouveau domaine de menaces.
2022 aura aussi été placé sous le signe de la coopération et de la solidarité internationale, avec, entre autres, notre participation à la livraison de matériel de lutte contre les incendies et de sauvetage à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. Un convoyage en quatre jours, avec comme objectif, de participer très humblement à ce drame. On ne peut rester inactif face à certaines situations.
Du point de vue stratégique, le GSIS a travaillé et rédigé avec l’apport de multiples partenaires, un schéma intercommunal d’analyse des risques incendie et secours du GSIS. Un travail conséquent qui permet maintenant de planifier la réponse opérationnelle à ces risques, pour la tranche 2030 - 2035. Ces deux documents offriront ainsi à nos Autorités une vision très claire de ce sujet-clé, tant en termes de prestation de secours que de contrôle des coûts du dispositif.
Je souligne également l’investissement très conséquent et sans faille des sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers volontaires du GSIS, dans les missions communes et dans les spécialisations, avec un accent tout particulier pour 2022 sur l’aide au commandement, tant au sein du centre opérationnel que dans le cadre du Poste de commandement de l’intervention. Leur apport est indispensable au fonctionnement opérationnel et fonctionnel du GSIS.
J’ai également eu l’occasion de visiter plusieurs compagnies de sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers volontaires, pour expliquer les possibilités d’intégration au GSIS, dans les années à venir. Je remercie ces sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers et leurs Autorités pour leur ouverture et leurs questions pertinentes et constructives, tout comme la Fédération genevoise des sapeurs-pompiers (FGSP).
Je tiens également à remercier notre Comité, pour sa confiance, mais aussi pour le temps consacré à connaître le GSIS, ses moyens, ses missions, ses enjeux et, surtout, ses femmes et ses hommes. Ces remerciements s’adressent également au Conseil intercommunal. Cette confiance est indispensable à la bonne marche et à la parfaite exécution de nos missions, actuelles et futures, en particulier dans une période de changement et de mise en route d’une nouvelle organisation.
Enfin, je garde le mot de la fin pour mes collaboratrices et mes collaborateurs. Je les remercie, quels que soient leur rôle et leur mission, car il n’y en a pas de moins importantes que d’autres au sein de nos unités. Merci pour leur engagement sans faille, parfois dans des conditions difficiles et au péril de leur intégrité physique, merci encore pour leur compréhension et leur souplesse dans cette période de changement, merci pour leur capacité d’adaptation dans un environnement si changeant et imprévisible, merci enfin pour leur engagement permanent pour la victime, au centre de tout et en tout temps. Nous pouvons être fiers du travail réalisé, fiers de se retourner et d’observer tout ce qui a été accompli durant cette année 2022.
MISSIONS
Les missions du GSIS sont définies dans la Loi sur la prévention des sinistres, l’organisation et l’intervention des sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers (Art. 8). Pour toutes les communes à l’exception de Céligny, le Groupement SIS est chargé, de manière permanente et en tous lieux :
- des mesures de secours et de sauvetage des personnes, des animaux, des biens mobiliers et immobiliers, en cas de sinistre sur terre et sur l’eau
- des mesures de lutte contre l’incendie et les risques d’explosion
- des mesures de protection de l’environnement en cas de sinistre
- des mesures de lutte contre la pollution et la contamination liées à des accidents impliquant des substances nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques
- des mesures de lutte contre les inondations et de protection contre les dégâts liés à des phénomènes météorologiques
- des opérations à caractère technique
- de missions d’aide sanitaire, y compris l’exploitation technique du poste médical avancé et une participation à la conduite sanitaire, ainsi que de transport sanitaire urgent
- de la réception d’appels d’urgence et l’exploitation d’une centrale d’alarme d’incendie et de secours unique
- de services de préservation planifiés, cas échéant sur requête d’une commune ne disposant pas de ses propres sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers volontaires.
VALEURS ET VISION
Valeurs
Le Groupement SIS met en œuvre tous les moyens nécessaires au secours de victimes et à la protection de l’environnement et des biens. Son principe de base est de mettre en tout temps, quelle que soit l’activité en cours, la victime au centre de ses préoccupations. Ce fondement dicte la vie de ce corps d’intervention.
Vision
Engagé·e·s chaque jour au service de la population
Quel que soit le type d’intervention et son niveau de gravité, les sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers œuvrent au quotidien au service de la population. Leur polyvalence leur permet d’agir dans des domaines aussi variés que les accidents, les incendies, les interventions techniques ou les produits dangereux.
FOCUS – INTERVENTION
Une intervention marquante : l’incendie de la salle de grimpe de Satigny
Il est 15 : 38 ce dimanche 17 avril 2022 quand l’alarme retentit à la CETA. Deux promeneurs à cheval indiquent que de la fumée noire sort du toit de la salle de grimpe située dans la zone Zimeysa (Meyrin-Satigny). Très vite, la centrale reçoit de plus en plus d’appels, pas moins de 145 au total, car le sinistre est visible sur tout le canton de Genève, la fumée noire et abondante s’échappe du toit de la salle de grimpe. Alertée, l’entreprise qui exploite la salle dans l’entrepôt fait rapidement évacuer la dizaine de personnes présentes dans les locaux, et indique ne pas avoir remarqué l’embrasement du toit du bâtiment.
33 véhicules, 3 ambulances et plus d’une centaine de sapeuses et sapeurs-pompier·ère·s professionnel·le·s et volontaires sont mobilisé·e·s sur site, alors qu’une partie du bâtiment s’effondre, sans faire de victime.
Le sinistre a pu être contenu dans son volume initial et évité ainsi la propagation du feu à plusieurs milliers de mètres carrés d’entreprises diverses, situées à moins de 10 mètres du brasier.
C’est grâce à un engagement massif et décisif de moyens adaptés que cette propagation a pu être évitée, ce qui aurait inévitablement généré des millions de francs de dégâts et la perte de plusieurs centaines d’emplois.
Au-delà de la lutte contre l’incendie qui se déroule sous les yeux des sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers, il y a la gestion de l’événement : coordonner tous les services engagés ainsi que les responsables des entreprises menacées et mettre en place un dispositif pour prévenir une éventuelle pollution des cours d’eau proches de l’incident.
Il faudra attendre la fin de journée pour que le feu soit maitrisé, mais l’activité du GSIS prendra fin un jour plus tard, une fois le sinistre complètement maitrisé et qu’aucun risque de foyers résiduels ne subsiste.
FOCUS – RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Feux de végétation
Durant l’année écoulée, les compagnies incendie sont intervenues à une fréquence soutenue sur des feux de végétation qui tendent à se multiplier avec le réchauffement climatique et notamment lors de l’été particulièrement sec de 2022.
Gironde
Le Groupement SIS n’a pas été sollicité que sur le territoire suisse. Il a également prêté main-forte aux collègues de la Gironde, sur demande du centre opérationnel de gestion interministérielles des crises, en envoyant plus d’une dizaine de sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers professionnel·le·s ainsi que trois véhicules pour lutter contre les feux ravageurs à la Teste-de-Buch et à Landiras en juillet.
L’organisation du convoi s’est réalisée en une journée et l’unité appuis et logistique a été mise à rude contribution pour anticiper les besoins des sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers dépêché·e·s sur place. Lits de camps, couchages, réserve de matériel et de nourriture, cartes routières, l’objectif était de pouvoir être parfaitement autonome sur la durée.
Pour rappel, ce sont plus de 3’000 sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers de Gironde, 1’200 pompier·ère·s de 60 départements qui ont été mobilisé·e·s sur plus de deux semaines pour lutter contre ces feux.
Collaboration régionale
Deux autres feux de forêt importants ce sont déroulés à quelques dizaines de kilomètres du canton de Genève en France voisine. En effet, le 9 août, deux incendies de forêts ont touché plus de 660 hectares d’une végétation identique à celle du canton de Genève. À la demande du SDIS 39, le SIS a engagé une auto pompe et 5 hommes ainsi qu’un officier, afin de renforcer la couverture opérationnelle urbaine dans la région de Saint-Claude durant 24 heures, en raison de la forte sollicitation des sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers du département du Jura.
FOCUS – UKRAINE
Matériel et solidarité
En février 2022, le conflit en Ukraine éclate. Très vite, une collecte de matériel est mise sur pieds à la caserne du Vieux-Billard. Il s’agit de convoyer du matériel aux homologues ukrainiens : casques, génératrices, tenues de protection, outils de désincarcération, éclairages, protection respiratoire, etc.
En moins de 24h, un premier convoi est organisé et une collecte débute dans toute la Romandie pour acheminer le matériel récolté au point de stockage. Un dépôt en caserne 1 est vidé afin de pouvoir y entreposer les dons reçus des sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers volontaires du canton ainsi que divers dons de particuliers et de professionnel·le·s d’autres cantons romands.
« D’un point de vue logistique, il a fallu être réactif et mener à bien cette collecte dans un temps record afin de pouvoir aider les sapeurs-pompiers actifs en zone de conflit dans leur travail de terrain par l’acheminement du matériel. »
Sergent-major Francis Knecht
Au-delà de la lutte contre l’incendie qui se déroule sous les yeux des sapeuses-pompières et sapeurs-pompiers, il y a la gestion de l’événement : coordonner tous les services engagés ainsi que les responsables des entreprises menacées et mettre en place un dispositif pour prévenir une éventuelle pollution des cours d’eau proches de l’incident.
Il faudra attendre la fin de journée pour que le feu soit maitrisé, mais l’activité du GSIS prendra fin un jour plus tard, une fois le sinistre complètement maitrisé et qu’aucun risque de foyers résiduels ne subsiste.